Réforme des retraites : turbulences dans les négociations

Chez Stimuli nous voyons la négociation comme un voyage en avion qui doit mener les parties embarquées ,qui vont négocier, vers une destination encore mystérieuse et inconnue, mais prometteuse. Lorsque les positions de départ des parties sont éloignées, le début du voyage est tourmenté et souvent cela secoue fort dans l’avion, chaque partie tenant à faire comprendre à l’autre ses enjeux, ses contraintes, ses limites, en usant parfois de postures, stratégies et tactiques diverses et variées, hésitant souvent entre saine confrontation et conflit ouvert.
Les parties embarquées qui négocient ont parfois besoin de s’appuyer sur une ou plusieurs tours de contrôle qui les aident à clarifier leurs objectifs et leur montrent la voie, les rassurent, les réorientent, les aident à comprendre que si elles ne s’entendent pas, si elles jouent le no deal, ce sera la panne de carburant à plus ou moins long terme, et donc le crash.
Elles doivent donc réussir ensemble à trouver une éclaircie pour voir, même de loin, même très floue, se dessiner une potentielle piste d’atterrissage, une destination qu’on appelle la zone d’intérêts communs, là où on devrait réussir à s’entendre, celle qui héberge les grands principes de l’accord à trouver. Et c’est bien là l’étape la plus intéressante, mais également la plus difficile du voyage, car elle demande beaucoup de créativité, d’ouverture, d’humilité…en bref, d’intelligence collective.
Ce ne sera pas terminé. Il faudra encore atterrir, c’est-à-dire transformer les grands principes en concessions et contreparties diverses, étape certes très importante, mais dont la qualité repose énormément sur celle de la précédente, essentielle.
Dans la négociation sur la réforme des retraites, le gouvernement a réussi à embarquer certaines organisations, d’autres, campant sur leurs positions, ayant refusé le voyage. Le début du voyage est tempétueux, les tactiques se jouent clairement : marges de manœuvre, faux pivot sur l’âge pivot 😜, ancrage, etc. Espérons que les jours à venir seront à la hauteur des enjeux en termes d’intelligence collective et que la piste d’atterrissage apparaitra sans tarder.
Benoit Canart